Alors que mon nombre d’abonnés ne cesse d’augmenter sur les réseaux sociaux je constate que mes interactions ne font que diminuer depuis quelques mois, mes rares publications d’épisodes ou de créations ne sont plus relayées sur internet et mes messages dérivent, comme des bouteilles à la mer, mais dans une toute petite mer, un lac, une mare… une petite goutte d’eau toute ronde.
Pourtant 1000 abonnés si l’on y réfléchit bien c’est énorme. Cela représente entre 100 et 1000 fois plus d’êtres humains que je ne croise physiquement chaque jour en cette période de confinement.
Mais si une dizaine de copains et copines répondent toujours présents pour partager les projets en cours, les messages sont rapidement bloqués par un mur invisible, un mur d’oubli qui réfléchit les informations et les liens dans un cercle minuscule sans plus arriver à en franchir les frontières. Je n’interagis en réalité qu’avec 1 à 2% de followers, un peu plus concernant les likes mais je n’ai aucune interaction avec 90% des personnes qui sont abonnées à mon compte.
Autre observation, là où je pensais il n’y a pas si longtemps qu’Internet permettait une ouverture à toutes et tous entraînant des interactions entre des personnes complètement différentes, je remarque que de plus en plus de groupes se sont formés ces derniers temps et que si l’on a raté le coche, que l’on est un peu solitaire et que l’on n’arrive pas, ne sait pas, ne veut pas rejoindre un « groupe », on se retrouve assez vite isolé. Je pense que c’est ce qui m’arrive aujourd’hui avec de nombreux·ses ami·e·s que j’ai rencontré·e·s en ligne.
Dans cette observation, j’exprime certainement un condensé de frustration et de « internet, c’était mieux avant », mais je me pose surtout la question de la création sur internet :
Vient-on encore sur internet pour découvrir les réalisations de petits créateurs ou tout le monde est-il devenu « un petit créateur » et n’a plus de temps à consacrer à la découverte du travail d’autres personnes que les « ténors » du web ?
J’ai essayé de formuler cette réflexion sous la forme de la blague suivante et même si on tombe dans la caricature, cela se rapproche du discours que je tiens dans cet article.
Il y a 2 ans, nous avons proposé le site web des Chroniques de la Terre Gelée, un projet communautaire libre et ouvert à quiconque souhaiterait apporter sa pierre à l’édifice. 2 ans plus tard le bilan fait mal, 1 nouveau créateur a rejoint l’expérience (merci de tout coeur MimiRyudo), et le site a attiré une centaine de visiteurs… par an (contre 40€ d’hébergement et de nom de domaine). Le constat est similaire sur mes sites personnels ainsi que sur ce blog, les articles sont très peu lus, les réactions sont rares, les commentaires encore plus…
Mon discours n’a cependant pas changé, je continue à penser qu’il faut regarder le coté plein du verre et chérir les retours, les partages, les commentaires quand on a la chance d’en recevoir. Je sais que je peux me considérer heureux par rapport à d’autres créateurs d’ailleurs, j’en reçois encore quelques uns.
A mon humble avis, il n’y a aucune solution/changement qui se fera. Les plus malins diront qu’il faut se mettre plus en avant, s’imposer mais sans jamais expliquer comment, la raison est simple, ce n’est pas comme cela que ça fonctionne. D’autres diront que ce n’est plus de cette manière qu’on partage, que les blogs sont d’un autre âge, qu’il faut passer par des plateformes, monétiser, payer pour faire de la publicité. Ce n’est pas le Web dont je veux. Je préfère encore en être refoulé, plutôt que baisser la tête et entrer dans le moule en espérant, un jour, « avoir ma chance ». Tant pis.
La seule chose que j’envisage, c’est continuer. Continuer à avancer, seul, ou accompagné de près par ceux et celles qui sont encore là, par amitié ou par envie et que je remercie énormément. Continuer à prendre conscience que les réseaux sociaux ne me serviront pas pour la communication autour de mes projets. Continuer à comprendre que le silence ne veut pas dire que personne n’est intéressé. Continuer mes bricolages dans mon garage sonore, en dehors de l’espace.